Inauguration de l'abbatiale d'Issoire après les travaux

Discours de Christian Karoutzos :

Abbatiale2019

APRÈS TROIS ANNÉES DE CHANTIER LES TRAVAUX DE L’ABBATIALE SAINT-AUSTREMOINE D’ISSOIRE SE TERMINENT.

Texte pour l’inauguration du vendredi 13 décembre 2019 :

SAINT-AUSTREMOINE

L’église d’Issoire est une merveille du style romano-byzantin, elle est l’une des plus remarquables de France, la plus grande des églises majeures de basse Auvergne et un exemple célèbre de l’art roman Auvergnat. Elle a failli disparaître en 1575 quand les troupes du capitaine Merle, à la solde des Protestants, s'emparèrent de la ville. Non content de piller l'église, on s'efforça de la détruire, mais le vieil édifice refusa de s'écrouler. La Révolution se contenta de détruire le mobilier et les deux tours. Les restaurations commencèrent au XIXe siècle, lorsque l'église eut été classée monument historique sur un rapport de Prospère Mérimée en 1835, cela fait exactement

185 ans.

Dans ses carnets de voyages en Auvergne, après être passé à Issoire en 1836 et obtenu des finances de la part du ministre des beaux-arts pour l’année 1837, Prosper Mérimée lui écrivit en demandant des crédits pour 1838, tout en décrivant l’urgence des travaux à réaliser.

La dernière grande campagne de restauration de l’abbatiale remonte donc au XIXe siècle, époque à laquelle l’architecte Mallay érigea les deux clochers et la façade ouest, rejointoya les parements et remplaça les couvertures en tuiles romaines par des dalles en pierre de Volvic qui modifièrent sensiblement l’aspect de l’édifice et lui portèrent préjudice, dues à leur poids considérable et à leurs manques d’étanchéité.

Traditionnellement, en Limagne, les toitures étaient et sont toujours en tuiles et non en pierre.

Depuis la fin du XXe siècle, quelques campagnes de restauration ont été entreprises, la restauration des façades et des couvertures du chevet, 1995 à 1997. La restauration des décors peints du sanctuaire en 2002.

Dans cette importante tranche de travaux qui vient de se terminer, il s’agissait de restaurer les massifs barlongs, le clocher central, les bras des transepts Nord et Sud, la nef et le massif occidental avec ses deux tours, qui présentaient des problèmes d’étanchéité, des dégradations d’encrassement des parements, ainsi que des pathologies d’ordre pétrographiques.

Les toitures ont été rétablies en tuiles canal, le rejointoiement des pierres, de même que les enduits furent refaits suivant nécessité. Les désordres pétrographiques ont été analysés et restaurés. Une intervention importante sur les vitraux fût réalisée. Les peintures murales des transepts Nord et Sud, ainsi que les absidioles furent restaurées.

Sculpteurs, tailleurs de pierres, maçons, maîtres verriers, charpentiers, couvreurs, restaurateurs de peintures et de pierres sculptées, ont excellé dans tous ces domaines des métiers d’art, afin d’apporter une réponse complète à ce monument.

Je ne voudrais pas me taire sans dire tout l’intérêt que je porte aux métiers d’art et plus particulièrement aux métiers du patrimoine. Ce sont des métiers qui demandent l’excellence et c’est ici, ce soir, de le dire que ces hommes et ces femmes qui participent à la préservation de notre mémoire culturelle, le font dans une humilité et une discrétion totale sans jamais se plaindre, et sans jamais manifester de la mauvaise humeur, contrairement à d’autres secteurs d’activités, si vous voyez ce que je veux dire. Alors, ce soir je souhaite leur signifier toute notre reconnaissance, leur dire merci du travail bien fait, du travail accomplit grâce à leur appartenance aux compagnons du devoir pour certains d’entre eux, grâce à leur formation universitaire pour d’autres. Notre patrimoine a retrouvé sa magnificence. Aujourd’hui il nous raconte sa véritable histoire, il nous raconte notre histoire. Écoutez-le, regardez-le, à travers cette histoire, les hommes nous montrent ce qu’ils ont de meilleur en eux.

Je disais la semaine dernière, à la réunion de l’association « Terres romanes », que dans ces métiers on ne distribue pas des Césars, on ne distribue pas des Molières, car ces métiers ne sont pas suffisamment reconnus. Alors ce soir j’appellerai les entreprises par ordre alphabétique, et la ville d’Issoire leur offrira, non pas un Molière ou un César, mais un souvenir de la ville pour les remercier de leur excellent travail.

Merci à l’architecte en chef des monuments historiques, M. Pierre-Yves Caillault, à sa collaboratrice Mme Gabriella Capitanucci, à l’entreprise Jacquet M. Thiriet et M. Dellion (spécialité maçonnerie, taille de pierres), à l’entreprise Geneste–Nailler M. Raffault et M. Roche (spécialité couverture zinguerie), à Hippolyta Roméo (spécialité restauration de sculpture), à l’entreprise ARCOA M. Fourquet et M. Tendero (spécialité restauration des décors peints), à l’entreprise Thomas vitraux M. Thomas (spécialité restauration de vitraux), à CIREME échafaudages M. Afonso, aux coordinateurs CSPS M. Jandot et au SIEG M. Rodriguez (mise en lumière de l’abbatiale), les partenaires de la DRAC

M. Mignerey directeur du pôle architecture et patrimoine, M. Benech conservateur des monuments historiques, la région, le département, pour leurs aides financières, remercier M. Bacquet, ici présent pour son aide et ses interventions auprès des institutions, ainsi que le Crédit Agricole pour sa très belle participation dans le cadre du mécénat. Remercier également l’association « Héritage de France » pour son apport financier.

 

Le moment est venu de regarder de plus près, de faire le bilan et de vous dire que grâce à l’ensemble des partenaires, la restauration de l’abbatiale Saint-Austremoine fut réussie.

Je profite de la présence de M. Mignerey directeur du pôle architecture et patrimoine, ainsi que de M. Benech conservateur des monuments historiques, pour vous dire qu’il nous restera dans un programme ultérieur, à réaliser la restauration des bas-côtés de l’abbatiale, des triforiums, les peintures murales de la tour Sud et enfin la restauration du buffet d’orgue avec son instrument classé monument historique le 14 avril 1982, de Louis-François Callinet.

Deux mots sur Louis-François Callinet : Louis-François a réalisé l’instrument de l’abbatiale Saint-Austremoine d’Issoire en 1870, avec son père Claude-Ignace. Cet instrument a été créé en Alsace à Rouffach, il est composé d’une console en fenêtre comportant 3 claviers manuels (grand orgue, 11 jeux ; positif, 9 jeux ; récit expressif, 6 jeux) et un pédalier parallèle de 7 jeux. Cet instrument a été restauré par Théo Haerpfer en 1985, originaire de Boulay, en Moselle.

 

Christian Karoutzos.

Conseiller municipal délégué à la culture et au patrimoine

Ville d'Issoire

 

Date de dernière mise à jour : 18/12/2019